Une journaliste est assise devant un sapin de Noël.
Un fauteuil vide.
L’invité·e, cette fois, c’est nous.
Il n’y a « rien à voir », la caméra est inerte.
C’est un moment nu.
Toute notre vie, nous ne faisons qu’attendre.
Rien n’est plus fécond que l’attente.
A l’antenne, les émotions ne s’exprimeront pas librement.
Rien ne déviera, ne surgira, rien n’aura lieu.
Les phrases seront courtes.
Les mots n’excéderont pas trois syllabes.
Ce qui sera dit est déjà minuté, calibré, formaté.
Avant même.
Les présences seront neutralisées.
Éteintes.
Pourtant, ici, à cet instant : le mystère d’un visage.
Une légère tristesse affleure, et jamais peut-être ce visage n’a paru aussi beau.
Dans la lumière dorée, une femme dialogue avec elle-même.
Son visage a oublié qu’on le regardait.
Le temps-vivant devient refuge pour laisser monter la fatigue, l’émotion.
L’image n’est pas prévue : elle a lieu.
Elle devient le miroir de celui qui la regarde.
Elle peut commencer à vivre, à penser.
Elle nous regarde.